Prologue du Temps 
(in La Prosperità infelice di Giulio Cesare, livret de Busenello, musique de Cavalli perdue)

 
Esprits vagabonds, âmes illustres
Qui au firmament de votre gloire
Resplendissez toujours, étoiles d’honneur immobiles,
Vous verrez ici les années
Réduites en heures,
Et ce n’est pas une erreur.
Car si un seul miroir,
Placé en évidence,
Nous renvoie par son reflet l’image
De mille objets variés venant de maints endroits,
Comment s’étonner
Si une nuit en musique
Vous révèle
Les événements de mille journées ?
Jupiter occupé à enfanter Hercule
Unit deux nuits et fit injure au soleil,
Et moi pour vous apporter du plaisir,
Disciples d’Hercule, que dis-je maîtres,
Avec un art consommé,
J’ai concentré en un soir plus d’une année.
Sans utiliser couloirs ou navires,
Sans changer de fauteuil, vous découvrirez
La Thessalie, Lesbos, le Phare, l’Égypte et Rome,
Et sans sortir de cette auguste patrie,
Qui éclairée par elle même rend le soleil inutile,
À l’intérieur de vos frontières
Vous serez pèlerins du monde.
Si ce labeur trouve
Grâce à vos yeux, je vous promets,
Par des jours infinis,
De rendre, si je le puis, vos vies éternelles ;
Ah, flattez le plaisir, pauvres mortels,
Et ne différez pas au lendemain la joie ni l’allégresse,
Car un ciel serein dissipe les tourments,
Et si le temps traîne des pieds, rapides sont ses ailes.
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Ingegni peregrini, anime illustri,
Che al firmamento delle glorie vostre
Stelle fisse d’onor sempre splendete,
Qui gl’anni vederete
Epilogati in ore,
Né ciò può dirsi errore.
Ché se uno specchio solo
In eminenza esposto
Mille oggetti diversi in vari siti
Dal riverbero suo ci rappresenta,
Chi fia mai che dissenta
Se una notte canora
A voi discopre
Di mille giorni l’occorenze e l’opre ?
Giove impiegato in generare Alcide
Unì due notti e fece ingiuria al Sole,
Ed io per apportar diletto a voi
Discepoli d’Alcide, anzi Maestri,
Con arte lusinghiera
Più d’un anno ho racchiuso entro una sera.
Senza adoprare o corridori o navi,
Senza seggio mutar, discoprirete
Tessaglia, Lesbo, il Faro, Egitto e Roma,
E senza uscir da questa patria augusta,
Che a se fa giorno e il Sol l’è di soverchio,
Dentro ai vostri confini
Voi sarete del mondo peregrini :
Se questa mia fatica
Gradirete cortesi, io vi prometto
Con giornate infinite
Eternar se potrò le vostre vite.
   Deh, lusingate il genio, egri mortali,
Né portate al diman letizie e gioie,
Che a Ciel seren diluviano le noie ;
Se il tempo ha pigri i piè, veloci ha l’ali.